Dans une sortie sur les antennes de la radio national fin octobre dernier, le Minfi a rendu une liste d’entreprises les accusant de faire de la crypto monnaie. Après vérification, toutes les 17 listées ne font pas cette activité tandis que d’autres ont cessé leurs activités.
Lesdites entreprises ont été accusées de collecter des capitaux auprès des opérateurs économiques nationaux et étrangers sans être agréées. Ceci en attirant les investisseurs potentiels par des promesses de gains exorbitants et irréalistes sur leurs placements. Après vérification, certaines d’entre elles ne font pas de la crypto monnaie, tandis que d’autres ont fermés boutique plusieurs mois avant la publication du communiqué.
Toutes les 17 entreprises recensées par Louis Paul Motaze, Ministre des Finances, ne sont pas des entreprises en rapport avec des placements sur les cryptoactifs.
Dans un communiqué rendu public le 29 Octobre 2020 et lu au journal de 13h du lundi 2 Novembre 2020, le Ministre des Finances demande aux entreprises spécialisées dans la crypto monnaie de cesser leurs activités. « Le ministre des finances demandes aux promoteurs et dirigeants des sociétés ci-après listées de cesser immédiatement leurs opérations de collecte illégale de fonds par appel public à l’épargne avec recours aux annonces et autres publications via divers supports de communication de restituer sans délais tous les fonds collectés auprès des opérateurs économiques nationaux et étrangers à travers ces opérations illicites et rendre compte au Minfi du déroulement de ces remboursements, d’arrêter toute forme de publication, communication ou publicité en rapport avec ces placements sur les cryptoactifs », a lu la présentatrice du journal sur les antennes de la Crtv radio.
Dans la liste, Sairui, 10e entreprise citée par le ministre, n’a pas comme activité, la collecte de capitaux par appel public à l’épargne. Joint au téléphone, Corine Peuneu, une collaboratrice- Expression consacrée pour désigner un employé dans cette entreprise-, révèle que Sairui est une entreprise de e-commerce. « Comme je vous le disais, Sairui n’existe plus depuis mai 2020 », indique-t-elle. Également spécialisée dans le new retail et le marketing de réseau, l’entreprise de commerce a fermé 5 mois avant le communiqué du Ministre.
La collaboratrice, par ailleurs propriétaire de boutique en ligne souligne qu’elle ne saurait expliquer pourquoi l’entreprise a été citée par le Ministre. Rendu sur le site, Carine Megankam, une autre collaboratrice, informe que c’est dans le besoin de satisfaire les demandes de plus en plus croissantes dans les approvisionnements en stock de marchandises que Sairui et Chy se sont mis ensemble pour voir naitre la maison Century Heng Yue (Chy) Mall, tous deux en règle selon la législation camerounaise.
A l’en croire, la note du ministre pourrait s’expliquer par le fait que l’entreprise utilise la crypto monnaie, en occurrence le bitcoin comme moyen de paiement des partenaires. « Nous ne manipulons pas le bitcoin, nous l’utilisons juste comme moyen de paiement des partenaires. Je pense que c’est peut-être ce genre d’information qui a dû amener le ministre à nous citer parmi les entreprises qui font dans la crypto monnaie. Toutes les entreprises qui font du crypto monnaie ont des crypto monnaies propres à leurs structures. Nous sommes en train d’utiliser des monnaies déjà existantes pour rémunérer les partenaires », explique-t-elle.
A l’en croire, Sairu n’est pas la seule entreprise citée dont l’activité n’est pas de la crypto monnaie. Crifat, une société spécialisée dans l’agriculture fait également partie de la liste du Ministre. Rendu sur son site les information, révèlent qu’elle est un groupe de conseil agricole.
Le communiqué radio presse No 00001093/Minfi du 29 octobre 2020 portant interdiction des opérations d’appels public à l’épargne par certaines sociétés non agréées ne contient en effet pas seulement la liste des entreprises de crypto monnaie.
Selon Carlos Waffo, expert certifié en Finance digitale, Crypto currency enthusiast, il n’y a pas de législation qui encadre l’usage de la crypto monnaie au Cameroun. « Si on peut faire référence à la note récente du Cosumaf, il y a en revanche ces lois-là qui régissent la collecte de l’épargne public auxquelles peuvent être soumises effectivement la plupart des firmes qui disent exercer dans le secteur de la crypto monnaie. Pourquoi je dis » qui disent » parce que ces personnes de mon point de vue ne génèrent ou encore ne fabriquent pas des crypto monnaie mais elles utilisent simplement les crypto monnaie existantes sous la formes des schémas qu’elles seules peuvent clairement définir et qui leur permettent à elles de faire du profit », explique-t-il.
Pour lui, la crypto monnaie est une monnaie cryptographique c’est-à-dire que la personne qui la possède détient une ligne de code dans une Blockhain, (un livre de compte numérique Ndlr) ou encore, possède une partie de ce livre de compte numérique avec laquelle elle, peut acquérir un bien ou un service.
Michèle EBONGUE
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