Nourane Foster, une députée camerounaise a indiqué sur sa page Facebook que le Cameroun est devenu numéro 1 en Afrique Centrale en matière de corruption. Après vérification de l’indice de perception de corruption d’Amnesty International, le pays occupe la 6e position en Afrique Centrale.

Le 19 avril 2025, la page Facebook certifiée Nourane Foster, qui correspond à celle de la députée du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn), publie :« Le Cameroun est devenu numéro 1 en Afrique Centrale dans la corruption ce que nous appelons généralement le TCHOKO. Aujourd’hui vous devez tchoko pour qu’on vous montre où vous devriez normalement Tchoko c-a-d le tchoko du tchoko .tant pis pour ceux qui tchoko à la mauvaise personne (…) Notre rêve ultime est de léguer un pays saint à nos enfants, un pays où on est pas obligé d’être le fils d’un tel pour accéder aux grandes écoles, un pays où un mécanicien peut être député sans parrain, une vendeuse de mèche peut se lever et devenir député,  un pays où chacun peut devenir ce qu’il souhaite avec le travail et la détermination. Nous devons le faire. C’est possible 🥰 (Sic). »

Le quatrième pouvoir, Yamo Kongossa (officiel), LCCLC Le Cameroun c’est le Cameroun, sont entre autres pages et groupes Facebook ayant publié le contenu du sujet de vérification. Idem pour l’agrégateur de contenu Actu Cameroun.

Cette publication a fait, à la date du 6 mai, 495 commentaires et 75 partages. Elle intervient au moment où les politiques multiplient des sorties très souvent visées (1 et 2), principalement celles de l’opposition, lors des débats radiophoniques, télévisés et/ou en ligne. L’accent est très souvent mis sur la situation économique et sociale du pays. Un fait qui pourrait s’expliquer par la tenue de la prochaine élection présidentielle, prévue en octobre 2025.

Vérification

Joint par appel téléphonique, Nourane Foster répond : « Je ne suis pas la personne attitrée pour ça. Il y a des sites professionnels où vous devez plutôt vous tourner. C’est votre travail de vérifier l’information auprès des sites professionnels ».

Une recherche par mots clés via Google, nous renvoie vers plusieurs plateformes numériques. Africanews, publie sur son site, le top 10 des pays africains les plus corrompus en 2024. Dans la liste, la Guinée Équatoriale occupe le premier rang en Afrique Centrale, soit la 5e place africaine. La RDC vient en 2e position dans la sous-région, c’est-à-dire la 8e africaine. Le Cameroun ne figure pas dans la liste. La même information est contenue dans un article d’Afrique Presse du 14 février 2025.

Dans la même logique, l’agence Ecofin cite le rapport de Transparency International, comme les sites d’information précédemment mentionnés. Ecofin relève, elle aussi dans un article, que la Guinée Équatoriale est le pays le plus corrompu d’Afrique Centrale en 2024. La précision est faite dans un classement de 54 pays africains de l’indice de perception de la corruption 2024, qui accompagne le texte. Ici aussi, le Cameroun est classé 6e pays le plus corrompu en Afrique Centrale.

Pour être mieux fixé sur le rang du Cameroun, DataCheck a visité le site de Transparency International, un mouvement mondial qui œuvre dans plus de 100 pays pour mettre fin à l’injustice de la corruption, réputé pour ses classements mondiaux.

Son Indice de perception de la corruption (IPC) 2024, classe le Cameroun 6e, sur les 9 pays que compte la sous-région, d’après l’Association Réseau Africain des Institutions de Formation de Formateurs de l’Enseignement Technique (section française) (Raiffet). Le premier du classement est la Guinée Équatoriale, avec un score de 20/100.


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Ce rang, la Guinée Équatoriale l’occupe depuis 5 ans. Tandis que celui du Cameroun oscille entre la 4e et la 6e place depuis 2020. « Les sources de données utilisées pour compiler l’IPC couvrent spécifiquement les manifestations suivantes de la corruption du secteur public : la corruption, le détournement de fonds publics, les fonctionnaires utilisent leur fonction publique à des fins personnelles sans en subir les conséquences, la capacité des gouvernements à contenir la corruption dans le secteur public, une bureaucratie excessive dans le secteur public qui peut accroître les possibilités de corruption, les nominations népotiques dans la fonction publique, (…) la protection juridique pour les personnes qui signalent des cas de corruption et de pots-de-vin, la capture de l’État par des intérêts particuliers étroits et l’accès à l’information sur les affaires publiques/activités gouvernementales. », relève Transparency International.

Un économiste qui n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet dû à sa connotation politique, propose comme autre plateforme de ranking, The Heritage Foundation. Le but est de diversifier notre recherche. Cette plateforme présente selon lui, plusieurs indices, parmi lesquels celui l’indice sur la gouvernance.

The Heritage Foundation est le site d’une fondation américaine qui œuvre pour « des réformes dans tous les domaines politiques, de la fiscalité à la réglementation, en passant par la criminalité et la défense nationale ».

Dans sa rubrique index et classement, il partage des données de plusieurs indices. Parmi elles, figure celle sur la perception de la corruption. L’évaluateur ici est, comme dans plusieurs indices de la fondation, Transparency International. Seulement, il est impossible de pousser la vérification. Le site auquel renvoie le lien est inaccessible.

En conclusion, la déclaration de Nourane Foster, députée Pcrn selon laquelle le Cameroun est devenu numéro 1 en Afrique Centrale en matière de corruption n’est pas exacte. Le Cameroun est, selon l’Indice de perception de la corruption 2024 de Transparency International, le 6e pays de la sous-région le plus corrompu. Et n’as pas occupé le 1er rang de ce classement ces 5 dernières années.

Michèle EBONGUE