Depuis quelques jours, une liste de noms des personnalités du pays dites dans le viseur des Etats-Unis est relayée sur les réseaux sociaux. Après vérification auprès de l’ambassade des Etats-Unis au Cameroun, il n’en est rien.

Voici plusieurs jours déjà qu’une liste de noms des personnalités du Cameroun circule sur la toile. La liste abondamment relayée dans les groupes professionnels sur WhatsApp est signée au bas par l’activiste Michel Biem Tong. Ce dernier a pour source, le journal en ligne Cameroon Concord. Le post publié sur son compte Facebook le 12 juin 2021 totalisait lundi 21 juin 2021, 223 réactions, ­126 commentaires, 243 partages. Une page qui compte 5278 abonnés.

D’après l’auteur de la liste, il s’agit des personnalités ciblées par Washington pour leur implication ou responsabilité dans la non résolution pacifique de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Entre autres noms qu’on retrouve sur ce document, celui du premier ministre Joseph Dion Ngute, le général René Meka Claude par ailleurs chef d’état-major des armées, le ministre de la défense Joseph Beti Assomo, le ministre d’Etat, secrétaire général à la présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh, le ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji…En somme, une trentaine de noms de personnalités dont des ministres, gouverneurs, préfets, sénateurs et autres.

Après vérification, aussi bien sur le site en question qu’auprès de l’ambassade des États-Unis au Cameroun, il n’y a aucune liste de personnalités ciblées par le pays de Joe Biden. En effet, en parcourant le site du journal Cameroon Concord, cette liste n’est pas visible. Néanmoins, un article mis en ligne le 8 juin dernier fait état de l’annonce des restrictions d’octroi de visas aux personnes responsables de la crise sécuritaire dans les régions anglophones du pays. Seulement, en parcourant ledit texte, aucune liste de noms ne l’accompagne. L’article ne mentionne aucun nom d’ailleurs.

Jointe, l’ambassade des États-Unis confirme qu’il s’agit d’un fake. « Il n’y a pas de liste de personnes ciblées. Nous sommes au courant des listes qui circulent sur les réseaux sociaux, mais elles ne sont pas authentiques.  Nous ne pouvons pas fournir de détails sur qui est ou sera affecté car en vertu de la loi américaine, les dossiers de visas individuels sont confidentiels », dément Karen Tang, la responsable des affaires publiques à l’ambassade de Etats-Unis au Cameroun, contactée par Data Cameroon.  Elle poursuit, « la politique de restriction des visas couvre les personnes soupçonnées d’être responsables ou complices de l’atteinte à la paix en se livrant ou en incitant à la violence continue, aux violations des droits de l’homme et aux abus, et aux menaces contre les défenseurs de la paix ou les travailleurs humanitaires. Ces restrictions peuvent s’appliquer à toute personne qui aurait besoin d’un visa pour entrer aux États-Unis ».

Une note du département d’Etat américain

Cette nouvelle circule 5 jours après la sortie de Antony J. Blinken, le secrétaire d’Etat américain. Sortie au cours de laquelle le collaborateur de Joe Biden a annoncé la mise en place d’une « politique imposant des restrictions en matière de visa aux personnes considérées responsables ou complices de l’entrave à la résolution pacifique de la crise dans les régions anglophones du Cameroun… ». Dans le même temps, de nouvelles attaques sont enregistrées dans les régions anglophones, notamment dans le Nord-Ouest.

 

Marthe NDIANG