Depuis le samedi 12 juin 2021, une photo montrant de façon péjorative un lieu de Yaoundé avec écrit « Welcome to Yaoundé » en plein cœur de la capitale est devenue virale sur la toile. Mais après vérification, il s’agit d’un photomontage à la veille d’une visite de la CAF.

Voici quelques jours déjà qu’une photo d’un lieu de Yaoundé est devenue virale sur la toile et notamment le réseau social Facebook. L’image publiée par l’humoriste ivoirien El Pueblo Bravador sur son compte Facebook dénommé Bravador présente une rue étroite, avec une forte circulation embouteillée. Les voitures sont en fil indienne sur ce qui reste de bitume. D’où l’embouteillage sur cet axe. 

Un panneau publicitaire avec une affiche du président de la république Paul Biya de la dernière campagne présidentielle trône sur le côté droit de l’image. Le « Welcome to Yaoundé » écrit en gros caractère et en blanc sur une des façades de l’échangeur complète l’image. L’auteur du post amplifie ledit message en écrivant une sorte de légende : « Welcome to Yaoundé ». Ceci, en précisant qu’il est à Yaoundé. Publié le 12 juin 2021 à 21h 12, le post totalisait hier lundi plus de 10.000 réactions, un peu plus de 4.000 commentaires et 430 partages.

Alors qu’on en est encore là, Rémy Ngono en rajoute une couche. En effet, le lendemain, il fait un post sur le même sujet. Outre la capture d’écran de la publication de Bravador, l’activiste a ajouté deux autres photos qui illustrent les entrées de deux villes africaines. Un texte ironique accompagne la publication : « Les ivoiriens sont jaloux de nous et veulent salir l’image de notre beau pays. Franchement, notre grand arc de triomphe du Biyameroun. Constant Omari et la Caf viennent de confirmer que c’est l’échangeur le plus beau du monde. Notre modèle dépasse le petit modèle piraté au Ghana avec l’étoile bleue et le fameux machin du Nigéria », lit-on. Publiée le 13 juin 2021 à 9h 55, la publication comptait hier mardi 15 juin 2021, plus de 2.000 réactions, 969 commentaires et 126 partages.

Photo montage

Seulement, après vérification, il s’agit d’une photo montée. Certes le lieu existe à Yaoundé mais n’a rien à voir avec ce que montre ce cliché abondamment relayé. Il s’agit du lieu-dit échangeur simplifié situé non loin du collège La Gaieté à Yaoundé. Cet échangeur que l’on voit sur l’image à problème existe bel et bien. Mais les éléments autour n’existent pas. A savoir : l’affiche de campagne de Paul Biya, ou encore un demi-mur sur lequel sont assis des personnes. Il n’y est pas non plus écrit « Welcome to Yaoundé ». « J’étais à l’échangeur simplifié lundi 14 juin 2021 en début d’après-midi. Il y a certes un panneau publicitaire, mais il n’y a rien d’afficher dessus. Il y avait de la circulation mais pas dense et il y avait un policier sur place qui régulait la circulation. La route n’est pas non plus dégradée comme on le voit sur la photo qui circule sur la toile. Cette photo n’a rien à voir avec ce lieu en l’état actuel », explique Blanche, une habitante de Yaoundé.

Une image de l’endroit en question. Photo prise lundi 14 juillet 2021 au lieu-dit échangeur simplifié à Yaoundé.

Cette photo retouchée est publiée au moment où le sujet sur la capacité ou pas du Cameroun à abriter la prochaine Coupe d’Afrique des nations (Can) est d’actualité. Compétition prévue du 9 janvier au 6 février 2022. Avec en sus, la visite lundi 14 juin 2021 d’une délégation des officiels de la Confédération africaine de football (Caf) conduite par le secrétaire de général, Véron Mosengo-Omba. Par ailleurs, une rumeur amplifiée par certains confrères locaux et étrangers qui évoquait un prochain retrait de l’organisation de la Can au Cameroun. 

En rappel, c’est en 2019 que le Cameroun devait organiser 32è édition de la Can par ailleurs la première à 24 nations. Mais le pays de Roger Milla s’était vu retirer l’organisation de la compétition cette année-là au profit de l’Egypte. La commission d’organisation de la Can 2019 avait alors estimé que le Cameroun n’était pas prêt, avec notamment le retard des infrastructures et autres installations.  

Marthe NDIANG