Une rumeur véhiculée dans la presse et abondamment reprise sur les réseaux sociaux fait état de ce que la moitié des lycéennes de cet établissement d’enseignement secondaire inscrites dans les classes de 4ème et 5ème cette année est enceinte. Après vérification ce n’est pas exacte.
Dans son journal télévisé de 20 heures, mardi 09 mars 2021, et à la Une, la chaîne de télévision à capitaux privés, Équinoxe Tv basée à Douala a diffusé un reportage présentant la situation alarmante du lycée de Diang, dans le département du Lom-et-Djerem où la majorité des filles serait enceinte. Le lendemain, cette information est reprise par de nombreux sites d’information en ligne. A l’instar de Mimi Mefo info et sous le titre, « Région de l’Est : la moitié des filles d’un lycée enceinte ». L’auteur de l’article, Michel Ekobo rapporte que « c’est une nouvelle renversante pour la communauté éducative de Diang, l’un des 08 arrondissements que compte le département du Lom-et-Djerem dans la région de l’Est. D’après le nouveau préfet, Donatien Boyomo, presque toutes les filles des classes de 4è et 3e du lycée de Diang sont enceintes. Il s’agit d’un établissement qui compte près de 500 élèves. Les filles concernées sont âgées entre 15 et 20 ans ».
Après vérification, il s’agit d’une fausse nouvelle, d’ailleurs démentie par Patrice Messankala, le proviseur du lycée de Diang dans une note d’information N° 001/21/MINESEC/DR-ES/DDES-LD/LYDIA du 17 mars 2021.
Démenti
Le contenu de la note fait état de ce que, « Depuis le mardi, 09 mars 2021, profitant d’une information erronée, caduque, obsolète et désuète, sans investigation aucune, la chaîne de Télévision Equinoxe Tv, en mal de sensationnel a diffusé dans son journal de 20 heures, un reportage péjoratif, présentant le lycée de Diang comme étant un lycée où toutes les filles dans leur majorité sont enceintes. Bien évidemment, ces allégations mensongères contrastent fatalement avec la réalité du terrain qui affiche les statistiques suivantes : effectif des élèves enrôlés, 356 au lieu de 500 soit, 189 garçons et 167 filles. Nous voulons rassurer la hiérarchie et toute la communauté éducative que la situation de quelques cas isolés de grossesses enregistrés est sous contrôle et les procédures de mise en congé de maternité sont enclenchées dans le respect de la circulaire N0 010/A/MINEDUC/ETP/EPM/EP du 10 octobre 1980 qui stipulent que : la jeune fille enceinte sera mise en congé de maternité à partir de six mois de grossesse par le conseil de discipline de l’établissement ». Cette note d’information est amplifiée au ministre des Enseignements secondaires.
Même son de cloche du côté des anciens élèves du lycée de Diang. « Indignés par cette situation (…), nous avons effectué une descente au lycée afin de nous enquérir de la situation. Après investigation, il en résulte que cette information est simplement classée dans le sillage d’un sabotage gratuit contre l’auguste institution et ceux qui l’incarnent », fait savoir S.M Gaël José Bekono, président de l’amical des anciens élèves des CES et lycée de Diang (AAECLD) dans une communication spéciale le 10 mars 2021. D’après les investigations menées par cet amical, il ressort que « depuis l’arrivée du proviseur actuel pendant l’année scolaire 2014-2015, l’effectif général du lycée de Diang n’a jamais atteint 500 élèves tels que diffusé par les médias. Révélons aussi que ces grossesses ne sauront être taxées de précoces car les jeunes filles enceintes au lycée de Diang en cette année scolaire 2020-2021 sont essentiellement du second cycle (2nde 01, 1ère 03 et Terminale, 02) contre les allégations selon lesquelles ces élèves sont des classes de 4ème et 3ème. Par conséquence, le taux de grosses est loin d’être celui miroité par les ennemies du lycée de Diang. Il est de 03,59% ».
Origine
Cette fausse nouvelle est devenue virale au lendemain de la tournée de prise de contact dans l’arrondissement de Diang effectuée par Donatien Bonyomo, nouveau préfet du département du Lom-et-Djerem. Et lors de sa rencontre avec les populations à la place des fêtes, le nouveau préfet a dénoncé les maux qui minent le développement de Diang, riche en ressources naturelles et humaines mais qui croupit toujours sous le poids de la pauvreté, la misère et la sous scolarisation. Parmi ces maux, le préfet a particulièrement pointé du doigt, la braderie des terres, la consommation abusive de l’alcool et la drogue, la paresse et la sorcellerie. C’est dans ce sillage que Donatien Bonyomo a également dénoncé les grossesses précoces dans les établissements scolaires. L’emploi de l’hyperbole dans ses propos au sujet de ce dernier mal a tôt fait d’être mal compris et interprété. D’où le traitement qui s’en est suivi.
Sébastian Chi Elvido à Bertoua
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