La vidéo d’une manifestation devenue virale sur Facebook notamment laisse croire qu’il s’agit d’un mouvement d’humeur des populations de Yaoundé contre Eneo. Mais après vérification, il s’agit plutôt d’une vidéo datant du 22 mai 2021, réalisée lors de la marche de protestation des étudiants de l’Ecole de géologie et d’exploitation minière (Eger) de Meiganga dans l’Adamaoua.

En l’espace de quelques jours, la vidéo est devenue  virale sur les réseaux sociaux. D’une durée de 20 secondes, elle donne à voir une foule des jeunes hommes et femmes qui ont pris d’assaut une rue. Des équipements de protection individuelle vissés sur la tête pour la plupart d’entre eux, tous scandent en battant le bitume : « On veut la lumière, Eneo doit partir ». La vidéo postée sur la page de « Le TGV de l’info » s’accompagne d’un texte. ENEO POUSSE LES CAMEROUNAIS À DESCENDRE DANS LA RUE », titre le cyber-activiste Paul Chouta, auteur de la publication.  « Les Camerounais en ont marre des coupures d’électricité. Il ne peuvent plus supporter, surtout que ces derniers jours presque toutes les villes du pays sont plongées dans l’obscurité. À Yaoundé par exemple comme vous pouvez constater dans la vidéo, des jeunes ont manifesté contre la société Eneo, en charge de fournir l’électricité aux populations. << ENEO VA PARTIR !! ON VEUT LA LUMIÈRE… >>… (Sic) », lit-on. Publié le 7 mars 2022 à 13h 43, le post comptait mercredi 9 mars plus de 700 réactions, 210 commentaires et 163 partages. La vidéo seule quant à elle, avait déjà enregistré 16.000 vues. Dans certains groupes Whatsapp, la même nouvelle et vidéo circulent. Cependant là, il est question non pas de Yaoundé, mais de Douala Pk 11.

Hors contexte

A lire aussi : Emploi : L’effectif féminin d’Eneo progresse de 2% de 2017 à 2021

Vérification

Joint au téléphone, Ndje Penda le chef de quartier de Pk 11 Mbenguè city soutient qu’aucune manifestation n’a eu lieu dans cette partie de la ville dimanche. « Les populations n’ont pas organisé une quelconque marche. Il n’y a eu aucune manifestation ici. Que se soit en rapport avec Eneo ou quoi que ce soit d’autre », dément le chef de quartier. Contacté par messagerie Whatsapp, Eneo (partenaire de ADISI-CAMEROUN lui-même partenaire de DataCameroon) réfute également la tenue d’une manifestation des populations aussi bien à Yaoundé qu’au quartier Pk 11 à Douala. « Il s’agit tout simplement d’une vidéo hors contexte remise au goût du jour pour manipuler les gens », renseigne l’entreprise distributrice de l’énergie électrique. Avant de préciser quand et dans quel contexte cette vidéo a été réalisée. « La manifestation en question ainsi que la vidéo qui en rend compte ont été enregistrés en date du 22 mai 2021 à Meiganga.  Des étudiants de l’Ecole de géologie et d’exploitation minière (Eger) de Meiganga, dans le département du Mbéré, la région de l’Adamaoua, protestaient contre une certaine instabilité de la fourniture d’électricité dans leur ville », explique Eneo.  Et de poursuivre, « un problème réglé à ce jour suite à un renforcement conséquent de la ligne Ngaoundéré-Meiganga.  Un projet d’investissement y est en cours pour complètement stabiliser ladite ligne et en construire une nouvelle ». Plusieurs confrères avaient par ailleurs traité de cette information relative au mouvement d’humeur des étudiants de Eger au moment des faits. A l’instar du quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune et du site d’informations Adamaoua 24.

Cette vidéo refait surface au moment où la plupart des régions et villes du Cameroun font face aux coupures intempestives du courant électrique. Une situation à laquelle Eneo a apporté une explication il y quelques semaines. En effet, dans un communiqué daté du 21 février dernier 2022, l’entreprise informe à sa clientèle que l’ensemble du système électrique dans ses segments production, transport et distribution connaît des contraintes. Ce qui, d’après Eneo, entraine un déficit énergétique qui est accentué par deux principaux facteurs : la situation du réseau de transport et la limitation de la production dans certaines centrales soit pour maintenance, contraintes d’approvisionnement en combustibles, ou du fait de l’étiage. Alors, « la combinaison de cette situation, des nombreux travaux programmés de maintenance et plusieurs incidents et actes d’incivisme entrainent des interruptions plus ou moins longues chez les clients », lit-on dans le communiqué.

Marthe NDIANG