Courant juin 2020, plusieurs voix se sont élevées alléguant que les habitants fuient les hôpitaux craignant la Covid-19. Après interrogation de plusieurs jeux de données, l’on constate que les menacent séparatistes ont eu plus d’influences sur la fréquentation des hôpitaux que la pandémie. 

Comme une trainée de poudre, la fausse nouvelle s’est répandue aussi bien parmi le personnel de l’hôpital régional de Bamenda et amplifié dans les réseaux sociaux. Cette nouvelle devenue virale indiquait que « les fréquentations à l’hôpital régional de Bamenda ont chuté du fait de la Covid-19 ». Plusieurs personnels de cette formation sanitaire de référence, dont le staff, affirment avoir tenté de convaincre les potentiels patients, mais sans y parvenir, parfois face aux propos malveillants. « On tue les gens dans cet hôpital » pouvait-on lire dans certains groupes whatsapp.

Après consultations de plusieurs jeux de données collectés et enregistrés dans cet hôpital, l’on constate qu’il n’y a pas substantiellement eu baisse de patients, quel qu’en soit le service, du fait de la Covid-19.

Pour ce qui est du segment consultation, l’on constate que le nombre de personnes reçues dans cette formation sanitaire n’a pas drastiquement baissé en dehors du mois de février. En mars qui est le mois où le premier cas a été détecté au Cameroun, on constate une légère hausse par rapport au mois d’avant. Il en est de même du mois d’avril, période où le premier cas a été détecté dans le Nord-Ouest, Mai et Juin.

Pour les nouveaux cas accueillis à l’hôpital dans le cadre de la même consultation, on note tout de même qu’entre janvier 2020 et Mai de la même année, l’hôpital a accueilli 2 655 nouveaux patients. En même temps, dans la période incriminée notamment Avril et Mai, les nouveaux patients ont continué à arriver à l’hôpital.

Il en est de même du segment vaccination de routine pour les enfants. Les données indiquent, comme c’est le cas pour les consultations, une baisse substantielle pour le mois de février 2020. Une autre baisse est également observée en Mai avec un rebondissement important sur le mois de juin 2020.

La formation a multiplié les campagnes de sensibilisation appelant les parents à ne pas lâcher les rendez-vous de vaccination pour leurs progénitures. Quoi qu’au courant de cette même période, plusieurs fausses nouvelles circulant avec insistance et persistance sur les réseaux sociaux appelant les parents à refuser tout vaccin. Pour ces rumeurs, l’OMS aurait introduit un vaccin test contre la Covid-19.

Le segment hospitalisation montre également une baisse importante au cours du mois de février 2020. Cependant, une légère baisse en avril de la même année. Pour autant, on constate que malgré l’évolution en dent de scie entre janvier et Mai 2020, les indicateurs postulent pour un léger retour aux taux de janvier au cours du mois de Mai avec 1 021 patients hospitalisés à l’hôpital régional de Bamenda.

Février des interrogations

S’il y a une constate qui se dégage des consultations, des hospitalisations et des vaccinations, février apparait comme le dénominateur commun. En effet, ce mois a connu une chute substantielle des fréquentations des hôpitaux par les patients.

Plusieurs raisons expliquent cette situation. Selon Pedmia Shatu, responsable de la communication digitale de cette formation sanitaire, « il y a eu une semaine entière de ville morte du 6 au 11 février » précise-t-elle. A cela, il faut ajouter « les traditionnels lundi morts » observés dans les deux régions anglophones depuis le déclenchement de la crise dite anglophone.

Ce mois a été marqué au Cameroun par les élections législatives et municipales. Les combattants séparatistes interdisaient alors aux populations de sortir, même pas pour se rendre dans les hôpitaux. Les appels sécessionnistes qui demandaient aux habitants de boycotter les élections, les campagnes politiques qui allaient avec, appelaient également à boycotter la fête nationale de la jeunesse qui se célèbre tous les 11 février au Cameroun.

Pris de panique, les populations ont préféré comme à leur habitude, se terrer chez elles de crainte de représailles.

Paul- Joel Kamtchang