Les emballages du remède de Mgr Kleda contre la Covid-19 sont des bouteilles vierges, sans nom, sans étiquette, rapporte l’Hôpital Saint-Paul de Nylon, l’un des trois points focaux en charge de la distribution gratuite de ce produit dans la ville de Douala.

« Archi-faux ! » S’exclame Marianne Ngo Nsog, expert en santé publique, l’un des trois personnels de santé, chargés de la distribution gratuite des remèdes de Mgr Kleda aux malades de la Covid-19 à l’Hôpital Saint-Paul de Nylon, lorsqu’elle aperçoit un packaging baptisé « KLEDAVID », attribué au prélat.

Cet établissement est l’un des trois points focaux de distribution à Douala, de la trouvaille à base des plantes de l’archevêque métropolitain de Douala, avec l’hôpital Saint Albert Legrand de Bonaberi et Notre Dame de l’Amour de Logpom. « Ce médicament qui s’appellerait KLEDAVID, et qui serait le médicament de Mgr Samuel Kleda est faux et archi-faux. Pour le moment, le médicament de l’archevêque n’a pas de nom. C’est des flacons vierges, sans nom, sans étiquette. Ce qui est présumé KLEDAVID n’est aucunement le médicament de l’archevêque », souligne Marianne Ngo Nsog.

                                                            Le démenti de l’archidiocèse de Douala

Depuis jeudi 14 mai 2020, certains internautes relayent sur les réseaux sociaux aussi bien dans les groupes whatsapp, Facebook et Twitter, un flacon de couleur marron d’une capacité de 100 ml, avec une étiquette de couleur blanche et noir, sur laquelle est inscrit en gros caractère « KLEDAVID ». En dessous d’un dessin   du virus et en petit caractère, est porté « solution buvable contre le Coronavirus ». Cet emballage attribué à l’archevêque n’est qu’une pure invention et imagination de son auteur, même si certains internautes semblaient plutôt convaincus de leur source. « Jusqu’ici, nous avons eu deux flacons. Il y a eu un flacon presque noir qui était un peu plus volumineux et le contenu au 1/5e du volume du flacon.  Après il y a eu un petit flacon, il était tout clair avec un bouchon blanc, et le contenu du flacon au 1/3 du volume du flacon. Le flacon qui circule dans les réseaux sociaux ne ressemble à aucun flacon de l’archevêque jusqu’ici », explique cette consultante.

                                                        Le faux produit attribué à Mgr Samuel Kleda

Dans cet établissement hospitalier, les malades du coronavirus continuent d’ailleurs de bénéficier chaque jour du traitement. Près de 800 personnes ont déjà été soignés dans cet hôpital depuis le début de la prise en charge. « Nous constatons qu’après trois jours de traitement, les malades hospitalisés se sentent déjà bien. Mais nous les gardons en observation pour 24-48 heures pour une meilleure prise en charge. Nous demandons aux malades de se rapprocher des formations sanitaires catholiques retenues pour la distribution. Ceux qui en prennent en dehors de ces hôpitaux catholiques, font du charlatanisme. Qu’ils viennent avec leur résultat, et on leur donne gratuitement les médicaments », explique cette soignante.

A en croire cet expert en santé publique, le nom d’un médicament ne se donnent pas sur un coup de tête. « En pharmacologie, le nom d’un médicament à deux volets, le nom commercial et celui de la molécule. Le nom de la molécule découle parfois des initiales des éléments utilisés pour composer le médicament. Jusqu’à présent, Mgr Kleda n’a jamais donné la composition de son médicament à personne. Il détient seul le secret de la composition de son produit », souligne-t-elle.

Les malades sont appelés à redoubler de vigilance et sont invités à ne se présenter qu’aux points de distribution des remèdes mentionnés plus haut sous présentation d’une copie de leur test de Covid-19. Les citoyens peuvent aussi se faire dépister aux mêmes points et y obtenir les résultats.

Marie Louise MAMGUE